mercredi 13 mars 2013

Dans les pas des loups

Paris sous la neige ne bouge plus et se tait.

J'aime les voitures qui roulent toutes ensevelies de poudreuse, elles me font penser à des entartés, humiliés, mais qui continuent d'avancer comme si rien ne s'était passé.

Hier soir sur le pont je me gèle dans la tempête mais il n'y a plus de bus je dois rentrer à pieds. Mes petites tennis ne me protègent de rien et je me souviens d'histoires d'alpinistes aux orteils noirs et qui tombent. Je sautille sur le trottoir. Je recule l'amputation.
Un grand type me dépasse et alors je me cale derrière lui. Heureusement il ne me voit pas, je le colle, je suis son ombre, je marche dans ses pas exactement, à la manière des loups qui, même en meute, ne laissent sur la neige que les traces d'un seul animal.
Il va vite et moi aussi. Nous filons rapides dans la ville jusqu'au moment où il tourne et moi pas.

Je ralentis.

A force de regarder le sol blanc et brillant, je découvre de nouveaux corps flottants. Je leur dis bienvenue. C'est toujours bien d'être moins seule.

J'écris des choses dans la neige. Je prends des photos. Je pense à des choses. Je ne pleure pas.
La magie de la neige fonctionne à chaque fois.
Quand le printemps sera là je m'émerveillerai des abeilles.
Pourvu que jamais je ne m'y habitue.



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