Ce week-end j'ai lu un vieux livre de Tigre. Il a tellement de talent que je lui ai envoyé ce texto "je suis contente de t'aimer". Mais très vite, ça n'a plus été seulement ça.
A lire ces choses écrites avant moi, je me suis sentie jalouse faible superflue.
On ne devrait pas aimer un écrivain.
En tant qu'amoureuse, on espère toujours qu'il n'y aura pas eu de femme avant nous. En tout cas on fait comme si. En tout cas on essaie.
Amoureuse d'écrivain on espère surtout qu'il n'y aura pas eu de muse avant nous. Car c'est pire.
Parfois sur la première page du livre : la dédicace à l'Autre. L'horreur. Le ventre en marmelade. Des envies de couteau dedans.
La première fois que j'ai vécu une histoire d'amour, je l'avais inventée. C'était de l'encre sur du papier, c'était une histoire écrite pour Emma - toutes les nuits on s'écrivait des histoires, ça a duré des mois, des années peut-être, la plupart de ces lettres folles sont perdues maintenant - et ce personnage récurrent qui s'appelait Paul, dont j'étais follement amoureuse, c'était déjà Tigre. Je m'en rends compte maintenant.
A 16 ans, j'aimais Tigre mais je pensais qu'il n'existait pas. Il m'a fallu attendre quinze ans pour enfin l'embrasser.
Ce pouvoir qu'on a.
Celui qu'on croit avoir en tout cas.
(c'est la même chose)
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