jeudi 25 avril 2013

Le saviez-vous ?

Le briquet a été inventé plusieurs siècles avant l'allumette.
Le parachute a été inventé cent ans avant l'avion.
La conserve a été inventée soixante ans avant l'ouvre-boîte.


Odeur du soleil brûlant sur ma peau, sur les arbres, sur la terre et sur les Hommes.
Je sais que ça ne durera qu'aujourd'hui. On a tous regardé la météo.
Bloquée au Cube je trépigne les yeux noyés dans le ciel.
Un avion trace sa route vers le nord-ouest.
Les corps flottants se la donnent sur fond bleu.
Le vert nouveau des feuilles, cette couleur parfaite.


Hier soir, après cinq ans sans aucune nouvelle d'elle, j'aperçois Lou rue Racine.
Je panique et m'enfuis. Swan et Ji avec qui je suis m'aident à me calmer. Je ne sais pas pourquoi j'ai eu si peur, et pourquoi ensuite toute la soirée je ne pense qu'à elle.
"Jamais de ma vie je ne me remettrai de Lou", c'est quelque chose que j'avais écrit il y a longtemps.
Je ne le pense plus, maintenant. Je n'ai plus envie d'être hantée par elle, maintenant. Je n'ai plus le droit avec Tigre dans ma vie, maintenant.

J'aimerais être de nouveau hier rue Racine, m'approcher d'elle et lui faire la bise et rire de ce son clair des retrouvailles inattendues. Echanger des banalités. Lui présenter Swan et Ji, lui dire que tout va bien. Que je mets des robes, maintenant. Que j'aime un homme, maintenant. Que je me suis très bien remise d'elle.

Mais j'ai l'impression qu'on se remet plutôt mal de son premier amour.
Le saviez-vous ?




lundi 22 avril 2013

Lundi

Parfois le lundi matin est un peu lourd, on n'a pas le coeur masochiste à s'imposer des talons.
On met de petites chaussures plates et légères qui donnent l'impression d'être un chat. On sautille en marchant. On suit la ligne blanche de la piste cyclable en écartant un peu les bras pour garder l'équilibre (on ne sait pas ce qui nous attend si on marche à côté).
Les gens nous regardent. On se dit qu'on s'en fout.
J'aurai sept ans pendant longtemps.

Il ne fait pas si chaud. Dès qu'on est à l'ombre le corps se crispe.
Maudits soient ces immeubles construits entre le soleil et moi.

Maryv sur un trapèze samedi soir, ça m'a fait briller les yeux. La peur qu'elle tombe. La joie qu'elle sache voler.
Au retour la nuit dans la voiture, calée entre deux guitares je regarde la lune à moitié qui blanchit la campagne. Valentin choisit la musique. J'aime tout. Je voudrais que ce trajet dure des heures.
Je suis quand même contente d'arriver. Fatiguée. Je n'écris rien à Tigre de peur de le réveiller.
J'ai peur qu'il me déteste déjà. Il m'a dit que je serais mieux avec un jeune. Il m'a dit ça et je l'ai insulté.
Voilà où nous en sommes. A se dire des choses nulles parce qu'on s'aime.


Dimanche soleil au Lac, bruits de fête venus du Temple, odeurs de brochettes cambodgiennes.
Cris d'horreur depuis les manèges de la foire du trône. L'impression de bronzer près du lieu du crime.

Je lis Eugène Green.
Je bois cou tendu la vitamine D venue du ciel.

Je ne pense pas encore à la lourdeur du lundi matin qui viendra, j'ai les pieds nus dans l'herbe, au frais dans un présent éternel.
Je ne pense pas que lundi sera gris et que je ne serai pas assez couverte et que je boirai du thé brûlant.


Le sachet de thé, tellement de travail pour trente secondes dans l'eau chaude.





samedi 13 avril 2013

Lost



- Tu arrives à lire le panneau ?
- Rue de la fidélité.
- Ah, merde...





mardi 9 avril 2013

Les chevaux

Pluie incessante sur Paris et moral gris clair.
Ce sont des pensées spleen de presque anniversaire.

J'écoute le podcast d'une emission avec Tigre. Je suis d'abord enchantée par sa belle voix de précipice. Et puis je me retrouve submergée par son intelligence. Je me dis soudain : je suis si bête, comment peut-il le supporter?

Je passe ensuite le reste de la journée à faire des cauchemars de noyade.

Les jours suivants je ne me sens pas mieux.
Les insectes dans les yeux qui se multiplient, même si ce n'est pas vrai, j'ai l'impression qu'ils envahissent tout, la rétine, le cerveau, les rêves.

Le corps lâche. La main fracturée me fait mal à nouveau, les nuits sont difficiles et le soleil manque cruellement. Je remplace la chaleur par l'eau brûlante de la douche. Je remplace la vitamine D par des kilos de sucre. Je remplace la confiance en moi par un silence de morte.


Je n'ai aucune raison d'être triste, je n'ai aucune envie d'être triste.
Je veux me réjouir de tout.


Oui, ça se décide.

Oui oui oui.



Ce matin je reçois un mail incroyable de mon père, incroyable parce qu'il m'est adressé, déjà, et puis, aussi, il y parle de Tigre. D'une très belle façon.
En pièce jointe, une photo dont il ne dit rien dans son mail. Une photo de ces deux chevaux que j'aime, et qui vivent sur une colline au-dessus du village.

Je ne sais pas comment lui répondre. Nous sommes tellement silencieux l'un et l'autre depuis si longtemps.
Lui parler de ces choses que je ne lui reproche pas, alors que je devrais.
Lui parler de ce que nous avions, et qu'on n'a plus.
Pardonner, est-ce que c'est condamner?

Je vais commencer par lui parler des chevaux.




vendredi 5 avril 2013

Le cœur total

Dans la loge, Audrey boucle mes cheveux avec un fer en me racontant ses dernières péripéties avec Aristide. Un musicien venu de Londres lui demande si elle stresse de monter sur scène. Elle répond "oui un petit peu, enfin c'est surtout...".

Mais elle ne sait pas dire "chagrin d'amour" en anglais.


Pendant le concert, Carole a des problèmes de micro, alors elle passe tout son set à chanter les sourcils froncés. On croirait qu'elle va se jeter sur quelqu'un pour l'étrangler. Elle a quand même cette voix fantastique. Je prends des photos. Je bois une bière gratuite.
Je suis fatiguée de ma soirée de la veille chez Swan, chez qui on a organisé une petite fête parce que Digory était à Paris. Fatiguée mais contente parce que chez Swan c'est un de ces endroits confortables.

Je me colle à l'enceinte pour ressentir la batterie et la basse partout dans mon corps. Comme si j'avais enfin un cœur total. Un cœur à la mesure de mes sentiments. Tout vibre et j'ai l'impression de tomber d'un avion.


Audrey est perturbée par le bruit des gens autour quand elle joue. La moitié de la salle dîne et discute. L'autre moitié est attentive, mais on n'entend jamais les gens qui écoutent. On n'entend que ceux qui s'en fichent.


J'envoie ce texto à Tigre parce que je sais qu'il va rire : "ils ont un cocktail qui s'appelle Pénétrator".


Après le concert, je marche un peu dans le soir en dessous des normales.
Trois SDF squattent une borne autolib.
Une inquiétante vitrine de Noël.