lundi 22 avril 2013

Lundi

Parfois le lundi matin est un peu lourd, on n'a pas le coeur masochiste à s'imposer des talons.
On met de petites chaussures plates et légères qui donnent l'impression d'être un chat. On sautille en marchant. On suit la ligne blanche de la piste cyclable en écartant un peu les bras pour garder l'équilibre (on ne sait pas ce qui nous attend si on marche à côté).
Les gens nous regardent. On se dit qu'on s'en fout.
J'aurai sept ans pendant longtemps.

Il ne fait pas si chaud. Dès qu'on est à l'ombre le corps se crispe.
Maudits soient ces immeubles construits entre le soleil et moi.

Maryv sur un trapèze samedi soir, ça m'a fait briller les yeux. La peur qu'elle tombe. La joie qu'elle sache voler.
Au retour la nuit dans la voiture, calée entre deux guitares je regarde la lune à moitié qui blanchit la campagne. Valentin choisit la musique. J'aime tout. Je voudrais que ce trajet dure des heures.
Je suis quand même contente d'arriver. Fatiguée. Je n'écris rien à Tigre de peur de le réveiller.
J'ai peur qu'il me déteste déjà. Il m'a dit que je serais mieux avec un jeune. Il m'a dit ça et je l'ai insulté.
Voilà où nous en sommes. A se dire des choses nulles parce qu'on s'aime.


Dimanche soleil au Lac, bruits de fête venus du Temple, odeurs de brochettes cambodgiennes.
Cris d'horreur depuis les manèges de la foire du trône. L'impression de bronzer près du lieu du crime.

Je lis Eugène Green.
Je bois cou tendu la vitamine D venue du ciel.

Je ne pense pas encore à la lourdeur du lundi matin qui viendra, j'ai les pieds nus dans l'herbe, au frais dans un présent éternel.
Je ne pense pas que lundi sera gris et que je ne serai pas assez couverte et que je boirai du thé brûlant.


Le sachet de thé, tellement de travail pour trente secondes dans l'eau chaude.





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